Ce mot avec sa signification actuelle est tombé de haut ; et sa dégradation est un cas de ma pathologie. De plus, il est affecté d'une irrégularité de prononciation ;
il devrait se prononcer
vâlet, vu l'étymologie ; prononciation qui subsiste, en effet, dans quelques localités. Écrit jadis
vaslet
ou
varlet, il signifiait uniquement jeune garçon ; en raison de son origine (il est un diminutif de
vassal), il prenait parfois
le sens de jeune guerrier. Dans tout le Moyen Âge il garde sa signification relevée, et un
valet peut très bien être fils de roi. Mais à
côté ne tarde pas à se montrer une acception à laquelle le sens de jeune garçon se prêtait facilement, celle de serviteur, d'homme attaché au service.
Dès le douzième siècle on en a des exemples. Dans la langue moderne, l'usage, à tort, s'est montré exclusif ; l'ancienne signification s'est perdue, sauf
dans quelques patois fidèles à la vieille tradition ; et l'on ne serait plus compris, si l'on donnait à
valet le sens de jeune garçon.
Toutefois, sous la forme de
varlet, le mot a continué de garder une signification d'honneur ; mais il ne s'applique plus qu'aux personnages du Moyen Âge.
L'
r dans
varlet est, comme dans
hurler (de
ululare), un accident inorganique,
mais il n'est pas mal de faire servir des accidents à des distinctions qui ne sont ni sans grâce ni sans utilité.