Grief nous offre une déformation de prononciation ; il représente le
grav du latin
grav-is, qui est monosyllabique ;
et pourtant il est devenu chez nous disyllabique. C'est une faute contre la dérivation étymologique, laquelle ne permet pas de dédoubler un
a
de manière à en faire deux sons distincts. Cela a été causé par une particularité de la très ancienne orthographe. Dans les hauts temps, ce mot
s'écrivait
gref ou
grief, mais était, sous la seconde forme, monosyllabique comme sous la première. Comment prononçait-on
grief monosyllabe ? nous n'en savons rien. Toujours est-il que, dans les bas temps, l'orthographe
grief ayant prévalu, il
fut impossible de l'articuler facilement en une seule émission de voix. De là est né le péché fâcheux contre l'équivalence des voyelles en
gravis
dans le passage du latin au français.