Sevrer doit être mis à côté d'
accoucher pour le genre de pathologie qui
consiste à substituer à la signification générale du mot une signification extrêmement particulière, qui, si l'on ne se réfère aux procédés
de l'usage, semble n'y avoir aucun rapport. Ainsi, il ne faudrait pas croire que
sevrer contînt rien qui indique que la mère ou la nourrice cesse d'allaiter
le nourrisson.
Sevrer, dans l'ancienne langue, signifie uniquement
séparer ; il est, en effet, la transformation légitime
du latin
separare. Quand on voulait dire cesser d'allaiter, on disait
sevrer de la mamelle,
sevrer du lait,
c'est-à-dire séparer. L'usage a fini par sous-entendre lait ou mamelle, et, dès lors,
sevrer a pris le sens tout spécial dans lequel nous
l'employons. En revanche, il a perdu son sens ancien et étymologique, où le néologisme
séparer, néologisme qui date du quatorzième
siècle, l'a remplacé.