nouveau
dictionnaire en ligne > index
documents
Émile Littré

étymologies


recherche
Émile Littré > Pathologies verbales
Pathologies verbales
Lésions de certains mots dans le cours de l'usage
(Comment les mots changent de sens)
(1880)
Persifler - Comment les mots changent de sens : étymologie, par Émile Littré
Persifler
Je n'inscris pas persifler dans la pathologie, parce que le simple siffler a deux ff, et que le composé persifler n'en a qu'une ; cette anomalie est bizarre, mais de peu d'importance ; je l'inscris, parce que persifler, quand on en scrute la signification, ne paraît pas un produit légitime de siffler. C'est un néologisme du dix-huitième siècle, aujourd'hui entré tout à fait dans l'usage. Rien auparavant n'en faisait prévoir la création. Eh bien ! supposons qu'il n'existe pas, et imaginons qu'un de nos contemporains, prenant le verbe siffler, y adapte la préposition latine per et donne au tout le sens de : railler quelqu'un, en lui adressant d'un air ingénu des paroles qu'il n'entend pas ou qu'il prend dans un autre sens ; ne verrons-nous pas le nouveau venu mal accueilli ? et ne s'élèvera-t-il pas des réclamations contre de telles témérités ? En effet, la signification d'une pareille composition demeure assez ambiguë. Est-ce siffler au sens de faire en sifflant une désapprobation, comme quand on dit : siffler une pièce, un acteur ? Non, cela ne peut être, car le persifleur ne siffle pas le persiflé. Il est vraisemblable qu'ici siffler a le sens de siffler un oiseau, c'est-à-dire lui apprendre un air. Le persifleur siffle le persiflé ; et celui-ci prend bon jeu, bon argent, ce que l'autre lui dit. Le cas n'aurait pas souffert de difficulté, si le néologiste avait dit permoquer, moquer à outrance. Permoquer nous choque prodigieusement ; il n'est pourtant pas plus étrange que persifler ; mais persifler est embarrassant, parce que siffler n'a pas le sens de moquer. Tout considéré, il me paraît que les gens du dix-huitième siècle, en choisissant siffler et non moquer, ont eu dans l'idée l'oiseau qu'on siffle et qui se laisse instruire comme veut celui qui le siffle.



Paroles < - > Personne

Accoucher | Arriver | Artillerie | Assaisonner | Assassin | Attacher, attaquer | Avouer | Bondir | Charme | Chercher | Chère | Chétif | Choisir | Compliment | Converser, conversation | Coquet | Côte | Cour | Démanteler | Devis, devise, deviser | Donzelle | Droit | Droite | Dupe | Échapper | Éclat | Éconduire | Épellation | Épeler | Épiloguer | Espiègle | Fille | Finance | Flagorner | Flatter | Franchir | Fripon | Fronder | Gagner | Galetas | Garce, garçon, gars | Garnement | Garnison | Gauche | Geindre | Gent | Gourmander | Greffe | Grief, griève | Griffonner | Grivois | Groin | Guérir | Habillement, habiller | Hasard | Hier | Intéresser, intérêt | Jument | Ladre | Libertin | Limier | Livrer | Loisir | Marâtre | Marionnette | Méchant | Merci | Mesquin | Moyen | Nourrisson | Opiniâtre | Ordonner | Ordre | Papelard | Papillote | Parole | Persifler | Personne | Pistole, pistolet | Placer | Poison | Potence | Poulaine | Préalable | Ramage | Regarder | Sensé | Sensualité | Sevrer | Sobriquet | Soupçon | Suffisant | Tancer | Tante | Tapinois | Targuer | Teint | Tempérer, tremper | Trépas, trépasser | Tromper | Valet | Viande | Vilain | Voler

Préface



Recherche dans la définition :

Pathologies verbales (1880)

Comment les mots changent de sens (nouvelle édition de Pathologies verbales) avec des notes de Michel Bréal (1888)


Émile Littré : dictionnaire Littré en ligne, textes & documents

dictionnaire français

français du XIXe siècle

histoire de la langue française

étymologie

Xavier Nègre   © Lexilogos 2002-2024