Il n'y a dans ces mots rien qui rappelle le vêtement ou l'action de vêtir.
Vêtement et
vêtir sont les mots propres
qui nous viennent du latin et que nous avons conservés, mais l'inclination qu'a le langage à détourner des vocables de leur sens primitif et à y infuser des particularités
inattendues, s'est emparée d'
habiller, qui, venant d'
habile, signifie proprement rendre habile, disposer à. L'homme vêtu
est plus habile, plus dispos, plus propre à différents offices. C'est ainsi qu'
habiller s'est spécifié de plus en plus dans l'acception
usuelle qu'il a aujourd'hui. On ne trouve plus l'acception originelle et légitime que dans quelques emplois techniques :
habiller un lapin, de la volaille,
les dépouiller et les vider ; en boucherie,
habiller une bête tuée ; en pêche,
habiller la morue,
la fendre et en ôter l'arête ; en jardinage,
habiller un arbre, en écourter les branches, les racines, avant de le planter. A ce propos, c'est
le lieu de remarquer que les métiers sont particulièrement tenaces des anciennes acceptions. Ici, comme dans plusieurs autres cas, il y a lieu de regretter qu'
habiller,
prenant le sens de vêtir, puisque ainsi le voulait l'usage, n'ait pas conservé à côté son acception propre.
Habiller, signifiant vêtir,
est un néologisme assez ingénieux, mais peu utile en présence de
vêtir, et nuisible parce qu'il a produit la désuétude de
la vraie signification.