Le mot germanique qui a produit notre
choisir signifie voir, apercevoir, discerner. Aussi est-ce l'unique acception que
choisir a dans
l'ancien français.
Choisir au sens d'élire ne commence à paraître qu'au quatorzième siècle. A mesure que
choisir
s'établissait au sens d'élire, élire lui-même éprouvait une diminution d'emploi. Le français moderne n'a gardé aucune trace de la vraie et antique
acception de
choisir. Il n'a pas été nécessaire de donner une forte entorse au mot pour lui attacher le sens d'élire ; et discerner,
qu'il renferme, conduit sans grande peine à faire un choix. Ici se présente une singularité ; tandis que, anciennement,
choisir n'a que le
sens de voir,
choix n'a en aucun temps celui de vue, de regard : il veut toujours dire élection. Dès l'origine, le traitement du verbe a été
différent du traitement du substantif. Discernement, si voisin du sens d'élection, a prévalu dans celui- ci tandis que le sens plus général de voir prévalait,
selon l'étymologie, dans celui-là. Dès lors on conçoit que le quatorzième siècle ne fit pas un grand néologisme de signification quand il rendit
choisir synonyme d'élire. Mais
choisir au sens de voir en est mort ; c'est un cas assez fréquent dans le cours de notre
langue qu'une nouvelle acception met hors d'usage l'ancienne.