« Nous n'avons guère de plus mauvais mot en notre langue », dit Vaugelas, qui ajoute qu'un grand prince ne pouvait jamais l'entendre sans froncer le sourcil, choqué de
ce que
allable entrait dans cette composition pour
qui doit aller[*]. Ce grand prince avait bien raison ; mais que voulez-vous ?
Ce malencontreux néologisme avait pour lui la prescription. Il paraît avoir été forgé dans le courant du quinzième siècle ; du moins on trouve
à cette date
préalablement. Le seizième siècle s'en sert couramment. Il est visible que ce néologisme a été fait tout
d'une pièce, je veux dire qu'il n'existait point d'adjectif
allable, auquel on aurait ajouté
pré. De cette façon,
préalable, formé d'un verbe supposé
préaller, est moins choquant qu'un adjectif
allable,
tiré d'
aller contre toute syntaxe.
[*] Animé d’une indignation semblable, Royer-Collard avait déclaré qu’il se retierait de l’Académie française, si cette compagnie admettait en son dictionnaire le verbe baser.