Ce verbe est un cas assez compliqué de pathologie linguistique. Il ne se trouve qu'au quinzième siècle avec le sens d'excuser, c'est-à-dire de se défaire, par
paroles, de quelqu'un ou de quelque chose. Or ce sens ne peut, à aucun titre, appartenir à
éconduire, qui représente
exconducere,
conduire hors. Mais, dans les siècles antérieurs qui n'ont pas
éconduire, on trouve
escondire, qui a précisément,
et par l'étymologie et par l'usage, la signification d'employer la parole pour écarter quelqu'un ou quelque chose ; car il vient du latin fictif
excondicere.
A un certain moment, la langue, se méprenant, a donné à
escondire la forme
éconduire, en lui laissant son
acception propre qui ne lui convenait plus ; puis, l'étymologie reprenant ses droits, les modernes, sans lui ôter sa signification usurpée, lui ont restitué le
sens légitime de conduire hors. Si au quinzième siècle l'usage n'avait pas commis la lourde faute de transformer
escondire en
esconduire,
on aurait gardé
escondire pour se défaire de... par paroles, et créé
esconduire pour écarter, éloigner.
Au lieu de cela, il a doublé la méprise ; si c'est
escondire qu'il a voulu garder, ce verbe ne peut signifier conduire hors ; si c'est
esconduire
qu'il a voulu créer, ce verbe ne peut signifier se défaire par paroles. Mais le mal est fait ; il ne reste plus qu'à se soumettre et à juger.