jeudi 31 octobre 2024
L'anglais a deux termes pour désigner la Toussaint :
All Saint's Day avec le mot saint, emprunté au français, du latin sanctus.On trouve parfois la forme contractée Hallow-day ou Hallowday pour désigner le jour de la Toussaint ; ou encore Hallowmas (contraction de All-Hallow-mass, cf. Christmas, Noël, avec le suffixe -mas de messe)
De la même origine, holy (de l'ancien saxon halig) a formé holiday : jour saint, jour consacré à la religion, et par extension : jour férié, jour de vacances.
Ce mot est apparenté à l'allemand heilig, d'où Allerheiligen, Toussaint.
Eve est une forme usuelle de even qui a formé evening (soir), d'origine germanique et apparenté à l'allemand Abend (soir).
Halloween n'a cependant pas de rapport avec la fête de tous les saints catholiques. C'est le réveillon du jour de l'an celtique. L'année commençait alors le 1er novembre : Samhain.
En anglais, Samhain se prononce /saʊn/, / ˈsaʊɪn/, /ˈsawɪn/
Halloween a donc lieu le 31 octobre, comme la fête de la Réformation. Martin Luther avait écrit une lettre, datée de la veille de la Toussaint (Vigilia omnium Sanctorum), le 31 octobre 1517, à l'archevêque de Mayence, Albert de Brandebourg. Cette lettre est à l'origine de la Réforme protestante. Selon Philippe Mélanchthon, Luther aurait affiché ses 95 thèses ce jour-là sur la porte de l'Église de la Toussaint (Kirche Allerheiligen) de Wittemberg.
Samhain | prononciation | Toussaint (Samhuinn en gaélique d'Écosse) |
Oíche Shamhna | prononciation | Halloween (nuit, oíche, de la Toussaint) |
Mí na Samhna | novembre (le mois de Samhain) ; Shamhna est le génitif de Samhain | |
púca | prononciation | esprit, fantôme |
cleas nó cóir | trick or treat | |
tornapa | navet (en anglais : turnip) | |
puimcín | prononciation | citrouille (en anglais : pumpkin) |
cailleach | prononciation | sorcière (en anglais : witch) |
scuab chaillí | manche à balai de sorcière (witch's broomstick) |
• Irish culture and customs : vocabulaire gaélique-anglais concernant halloween
Ou, plus littéralement : un sort ou une friandise ?
Trick désigne le sort, le tour ; du normand triquer, variante du français tricher.
En ancien français tricher quelqu'un, c'est le tromper.
En français, on pourrait dire : trique ou traite ?
Le soir d'halloween, les enfants américains courent de maison en maison pour amasser le plus de friandises. Au Québec, on emploie l'expression courir l'halloween : les maisons canadiennes sont très espacées les unes des autres !
De nombreuses maisons sont décorées à l'extérieur pour inviter les enfants à prendre des friandises. Ceux qui refusent de donner, on leur joue un tour…
Mais attention: halloween n'est pas une fête sans dangers ! Les sorcières et les pervers décorent aussi leur maison pour attirer les enfants et leur jouer de très sales tours ! Chaque année, de nombreux enfants disparaissent le soir d'halloween… Pour la plus grande joie du diable…
Et la légende de Jack : les portes de l'enfer lui ont été refusées ; le diable lui a cependant donné une petite flamme, issue des fournaises ardentes. Jack plaça la flamme diabolique dans un navet. Désormais, on l'appelle Jack O'Lantern (Jack-with-a-Lantern, Jack-a-Lantern, Jack-o'-lantern).
Les Irlandais qui ont émigré en masse aux États-Unis, lors de la grande famine du milieu du XIXe siècle, ont apporté leur légendes… Et en Amérique, Samhain est devenu Halloween et le navet s'est transformé en citrouille… Et cette citrouille-lanterne porte le nom de Jack O'Lantern…
Vient une année où toutes [les échasses] du quartier sont mobilisées pour une mise en scène qui manque de faire passer sur le haut du bourg le frisson de l'an mille. Nous avons l'habitude, vers l'approche de la Toussaint, de creuser des betteraves, d'y pratiquer des trous en forme d'yeux, de nez et de bouche, d'y introduire un bout de bougie et de refermer le tout. Ce lampion à tête humaine, posé la nuit sur un talus ou dissimulé dans les broussailles d'un chemin creux, terrifie toujours quelques noctambules. Quelquefois aussi, on le dépose sur la fenêtre d'une vieille fille connue pour son petit courage et son esprit crédule. Quelqu'un frappe du doigt sur la vitre avant d'aller se tapir non loin de là. La vieille, qui se chauffe les membres au feu de son âtre, tourne la tête vers la fenêtre et croit voir l'Ankou, os et flamme. Elle pousse un cri terrible. Elle appelle la Sainte Vierge. La voilà qui se précipite au-dehors, affolée, pour chercher au galop on ne sait quel secours. Alors, les garnements reprennent la betterave tête-de-mort et disparaissent. Quand la vieille revient avec le plus proche voisin, il n'y a plus rien à voir. Et tout le bourg fait des gorges chaudes. La dernière vision de la pauvre femme donne pâture aux langues pendant quelques jours, à toutes les langues sauf quelques-unes : et si c'était vraiment l'Ankou !
Cette fois-ci, nous décidons de corser le spectacle. Chacun de nous s'attache la tête-betterave sur la tête en chair et en os, monte sur sa paire d'échasses. Un Timen, un Le Gall ou un Le Corre qui a eu l'idée nous met les uns derrière les autres à la queue leu leu. Et nous descendons ainsi, dans la nuit noire, le sentier qui borde le champ du recteur. Tout à coup, quelqu'un entonne le Libera, les autres reprennent de leur mieux. Ce chœur funèbre attire sur le pas des portes les femmes intriguées qui laissent brûler leur bouillie pour savoir qui on enterre à cette heure… Quand elles voient s'avancer ces yeux de feu et ces bouches d'enfer à deux mètres du sol, elles éclatent en de telles clameurs que nous en sommes saisis nous-mêmes. Nous dévalons de nos échasses, perdant du même coup nos têtes-betteraves dans une avalanche de Jugement Dernier. Aucun de nous n'avouera jamais avoir participé à ce coup-là. Le Libera était de trop. On ne plaisante pas avec l'Autre Monde, même sur des échasses.
À propos de l'Ankou :
Un personnage dont on ne prononcera jamais le nom sans frémir. C'est l'Ankou, le squelette à la faux, le Trépas lui-même, le moissonneur des corps. On préfère l'appeler Lui et, dans le contexte où arrive de Lui, tout le monde comprend. Ce Lui-là est toujours vainqueur tôt ou tard.
[…][le recteur, c'est à dire le curé] n'aime pas beaucoup parler de l'Ankou. Un jour au catéchisme nous lui avons demandé ce qu'il est au juste. Il nous a répondu qu'il est celui qui vient nous chercher pour nous emmener dans l'autre monde.
Pierre-Jakez Hélias, Le cheval d'orgueil
• Samain, Halloween et la Toussaint par Gaël Hily, in Mythes, littérature, langue (2011)
• Halloween et les Français par Adrien Lherm, in Terres promises (2010)
• Halloween : la trajectoire d'une fête : persistance ou transformation ?, par Renaud Zeebroek, in Ethnologie française (2006)
• L'halloween : de l'Irlande à Montréal, par Gaël Hily & Geneviève Pigeon, in Religiologiques (2017)
• Halloween, une vieille fête britannique dans la modernité américaine par Adrien Lherm, in Communications (2005)
• La diffusion d'halloween en Belgique francophone, à la poursuite d'une illusion, par Renaud Zeebroek, in Techniques & Culture (2009)
• Les enjeux sociaux du rite : l'exemple de la fête d'halloween, par Adrien Lherm, in Hypothèses (1998)
• Halloween, from pagan ritual to party night, par Nicholas Rogers (2002)
• Halloween and commemorations of the dead, Holidays and celebrations, par Roseanne Montillo (2009)
• Allhallow Even, vulgarly Halle e'en or Nutcrack Night, in Observations on popular antiquities, par John Brandt & Henry Ellis (1849)
• The book of Hallowe'en : origines & traditions d'halloween, par Ruth Edna Kelley (1919)
• The complete Hallowe'en book par Elizabeth Guptill (1915)
• Halloween, fun and spooky images from the past : cartes de vœux & images anciennes
→ 1er mai : fête celtique de Beltaine
→ celtique : langue & civilisation