Pourquoi Valentin ? Il n'y a pas de Valentin martyr ou autre qui a quelque chose à voir avec les amoureux…
Dans la Rome antique, on fêtait certes le 15 février les Lupercales, célébration un brin paillarde du dieu Faune mais on ne peut affirmer que la saint Valentin a
été instaurée pour remplacer cette fête païenne, d'autant plus qu'elle ne fut guère célébrée par l'église.
C'est au Moyen Âge, en Angleterre, que sont apparus les premiers mots d'amour liés à l'occasion de la saint Valentin. Une tradition raconte que les oiseaux s'accouplaient
à la mi-février… C'est la fin de l'hiver : les premières fleurs apparaissent avec les premiers gazouillis des oiseaux…
Mais c'est surtout au XVIIe siècle, que Valentine devient populaire. William Shakespeare, dans Hamlet, fait chanter ainsi Orphelia :
En anglais, Valentin se dit Valentine (le i se prononce [aï]) et ce nom est aussi bien valable pour l'homme que pour la femme… Valentine désigne un amoureux (homme ou femme) c'est la personne à qui on souhaite la saint Valentin, on lui dit alors :
Be my Valentine! sois mon Valentin ! sois ma Valentine !
Valentine, c'est aussi une carte d'amour que l'on s'envoie le Valentine's Day comme on s'envoie des cartes de vœux pour le nouvel an…
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Vive saint Valentin
En effet, celui que l'on devrait fêter ce jour-là, c'est Cupidon, le dieu de l'amour des Romains, qui correspond au dieu grec Ἔρως (Érōs).
Cupidon est représenté sous les traits d'un enfant ailé. Et comme tout ange, on ne connaît pas vraiment son sexe. Il personnifie l'amour, c'est à dire l'union de l'homme et de la femme, il est donc androgyne.
Cupidon est toujours accompagné de son arc, son carquois et ses flèches : arcus et pharetra et sagittæ. Il tire sur celui qu'il veut rendre fou… d'amour.
Cupidon vient du latin cupido (-inis), terme poétique désignant le désir, l'envie. Cupidon, c'est le désir amoureux personnifié.
Ce mot vient de :
cupere : désirer, d'où :
cupidus : désireux, passionné
cupiditas : désir, envie.
Seul le sens péjoratif cupide, avide est resté en français contemporain. Quand on évoque la cupidité, il s'agit seulement de la pecuniæ cupiditas du latin : l'amour de l'argent. Au XVIe siècle, le sens latin était encore vivant ; ainsi Montaigne écrivait :
J'ay pris plaisir de voir en quelque lieu, des hommes par devotion, faire voeu d'ignorance, comme de chasteté, de pauvreté, de poenitence. C'est aussi chastrer nos appetits desordonnez, d'esmousser ceste cupidité qui nous espoinçonne à l'estude des livres : et priver l'ame de ceste complaisance voluptueuse, qui nous chatouille par l'opinion de science.
(espoinçonner : stimuler, de poinçon)
À cette époque, on était alors cupide d'apprendre ! Restaurons la cupidité de lire ! Soyons cupides de nous cultiver ! Lire, ça espoinçonne l'esprit !
La cupidité n'est plus aujourd'hui ce qu'elle était ! Au cours des siècles, la passion amoureuse est devenu vile avidité. Le mot grec a aussi connu une restriction du sens au cours des siècles.
Si ἒρως a donné en français l'érotisme, en grec ancien, érōs signifie amour, dans son sens général. En grec (ancien et moderne), est érotique ce qui concerne l'amour et non seulement l'amour sexuel : une lettre érotique, c'est une lettre d'amour et des chansons érotiques, ce sont des chansons d'amour !
Éros, c'est donc bel et bien le dieu de l'amour et non le dieu du sexe…
Cupidon
William Bouguereau
• La tradition poétique de la saint Valentin (XIVe-XXIe siècles) : textes recueillis, traduits et commentés par Nathalie Koble, in Poésie (2014)
• Chaucer et les origines de la saint Valentin par Jonathan Fruoco (2018)
• La chandeleur et la saint Valentin en Savoie par Arnold Van Gennep, in Revue des traditions populaires (1924)
→ je t'aime dans toutes les langues, étymologie de l'amour
→ Chypre : l'île d'Aphrodite, la déesse de l'amour
→ don du sang : donner son cœur… c'est aussi donner son sang
→ cartes de vœux : amour, amitié… dans plusieurs langues