Larousse du XIXe siècle
« Il y avait quelque chose de grand dans les jeux olympiques, car c'était à la fois une fête nationale et une fête religieuse. »
(Guéroult)
« Vois-tu dans la carrière antique,
Autour des coursiers et des chars,
Jaillir la poussière olympique,
Qui les dérobe à nos regards ? »
Lamartine
« Le premier jour des fêtes, dit Barthélémy, tombe au onzième jour du mois hécatombéon, qui commence à la nouvelle lune, pendant le solstice d'été ; elles durent cinq jours ; à la fin du dernier, qui est celui de la pleine lune, se fait la proclamation solennelle des vainqueurs. C'est le soir que la solennité commençait. Elle s'ouvrait par des sacrifices offerts dans le temple de Jupiter Olympien et dans tous les sanctuaires de la cité. Tous les temples étaient ornés de festons et de guirlandes, et arrosés, selon les rites, du sang des victimes. »
« On commençait, dit Pausanias, par le grand autel de Jupiter, placé entre le temple de Junon et l'enceinte de Pélops. C'est le principal objet de la dévotion des peuples ; c'est là que les Éléens offrent tous les jours des sacrifices. Les cérémonies se prolongeaient fort avant dans la nuit et se faisaient au son des instruments, à la clarté de la lune approchant de son plein, avec un ordre et une magnificence propres à inspirer à la fois la surprise et le respect. »
Le jour où les jeux devaient commencer, les athlètes se rendaient, dès le point du jour, dans la chambre du sénat où siégeaient les huit présidents des jeux en habits magnifiques et revêtus des insignes de leur dignité. Là, au pied d'une statue de Jupiter et sur les membres sanglants des victimes, les athlètes prenaient les dieux à témoin qu ils s'étaient exercés pendant dix mois aux combats auxquels ils allaient se livrer. Ils promettaient de ne point user de ruse ; leurs parents et leurs amis faisaient le même serment. Cette cérémonie achevée, les athlètes se rendaient au stade, s'y dépouillaient entièrement de leurs vêtements, chaussaient des brodequins et se faisaient frotter d'huile par tout le corps. Aussitôt que les présidents ont pris place, un héraut s'écrie :
« Que les coureurs du stade se présentent. »
Les concurrents se placent alors sur une ligne suivant le rang que le sort leur a assigné. Le héraut proclame leurs noms et ceux de leur patrie, et ajoute cette formule :
« Quelqu'un peut-il reprocher à ces athlètes d'avoir été dans les fers ou d'avoir mené une vie honteuse ? »
Puis, si nulle réponse ne sort de la foule, la trompette donne le signal. Les coureurs s'élancent et s'arrêtent à la borne où se tiennent les présidents des jeux. Un héraut proclame le nom du vainqueur. Cette sorte de course était la plus simple et la plus ancienne. On faisait aussi courir ensemble des enfants de moins de douze ans, et des hommes portant un casque, un bouclier et de lourdes bottines. Certains champions devaient parcourir le double stade, c'est-à-dire qu'après avoir atteint le but et doublé la borne ils devaient retourner au point de départ ; d'autres fournissaient douze fois la longueur du stade.
La course à quatre chevaux était la dernière et la plus brillante.
« Pour en voir les préparatifs, raconte Anacharsis, nous entrâmes dans la barrière ; nous y trouvâmes plusieurs chars magnifiques, retenus par des câbles qui s'étendaient le long de chaque file, et qui devaient tomber l'un après l'autre. Ceux qui les conduisaient n'étaient vêtus que d'une étoffe légère. Leurs coursiers, dont ils pouvaient à peine modérer l'ardeur, attiraient tous les regards par leur beauté, quelques-uns par les victoires qu'ils avaient déjà remportées. Dès que le signal fut donné, ils s'avancèrent jusqu'à la seconde ligne, et, s'étant ainsi réunis avec les autres lignes, ils se présentèrent tous de front au commencement de la carrière. Dans l'instant on les vit, couverts de poussière, se croiser, se heurter, entraîner les chars avec une rapidité que l'œil avait peine à suivre. Leur impétuosité redoublait quand ils se trouvaient en présence de la statue d'un génie qui, dit-on, les pénètre d'une terreur secrète ; elle redoublait lorsqu'ils entendaient le son bruyant des trompettes placées auprès d'une borne fameuse par les naufrages qu'elle occasionne. Posée dans la largeur de la carrière, elle ne laisse pour le passage des chars qu'un défilé assez étroit, où l'habileté des guides vient très souvent échouer. Le péril est d'autant plus redoutable qu'il faut doubler la borne jusqu'à douze fois ; car on est obligé de parcourir douze fois la longueur de l'hippodrome, soit en allant, soit en revenant. »
La lutte était le plus simple de ces exercices : elle consistait à jeter son adversaire par terre et à le forcer de s'avouer vaincu. Les athlètes qui devaient concourir se tenaient dans un portique voisin, d'où on les faisait sortir, au moment de commencer, pour les amener devant les présidents des jeux. On rirait au sort l'ordre des combats et, par le sort aussi, on appareillait les combattants. Le nombre des lutteurs devait être impair, le dernier étant réservé pour combattre les vainqueurs des autres. Les athlètes se mettaient nus, se frottaient d'huile et se roulaient dans le sable. Ils s'approchent, dit Lucien, se mesurent des yeux et s'empoignent par les bras. Tantôt, appuyant leur front l'un contre l'autre, ils se poussent avec une action égale, paraissent immobiles et s'épuisent en efforts superflus ; tantôt ils s'ébranlent par des secousses violentes, s'entrelacent comme des serpents, s'allongent, se raccourcissent, se plient en avant, en arrière, sur les cotés ; une sueur abondante coule de leurs membres affaiblis ; ils respirent un moment, se prennent par le milieu du corps et, après avoir employé de nouveau la ruse et la force, l'un d'eux enlève son adversaire ; mais il plie sous le poids : ils tombent, se roulent dans la poussière et reprennent tour à tour le dessus. L'un des adversaires à la fin, par l'entrelacement de ses jambes et de ses bras suspend tous les mouvements de son adversaire, qu'il tient sous lui, le serre à la gorge et le force à lever la main pour marque de sa défaite, et la palme, toutefois, ne s'obtenait que lorsque le vainqueur avait deux fois au moins terrassé son rival et, ordinairement, ils en venaient trois fois aux mains.
Le pugilat était un exercice autrement terrible que la lutte. Les athlètes qui s'y livraient étaient appareillés par le sort de la même façon que lès lutteurs. Ils avaient la tête protégée par une calotte d'airain et leurs poings armés de gantelets formés de lanières de cuir croisées en tous sens. Cet exercice était toujours sanglant et souvent mortel. Les athlètes qui s'y livraient mouraient presque tous avant l'âge, et, dans la liste des vainqueurs aux jeux, remarque Aristote, on en retrouve à peine deux ou trois ayant remporté des prix dans leur enfance et dans un âge plus avancé. Vain remède à ces jeux barbares que la loi qui défend au vainqueur de tuer son adversaire, sous peine de perdre sa couronne. Du reste, cet exercice était le moins estimé de tous et on l'abandonnait aux gens du peuple. Le pancrace comprenait la lutte et le pugilat ; mais, dans ce dernier exercice, les poings étaient nus et portaient des coups moins dangereux ; la victoire dépendait surtout de la force qu'on mettait à serrer les doigts de son adversaire.
« Dans ce dernier exercice, il suffit, dit Barthélémy, de lancer le javelot et de frapper au but proposé. Les disques ou palets sont des masses de métal ou de pierre, de forme lenticulaire, très lourdes, dont la surface est polie, ce qui les rend difficiles a saisir. On en conserve trois à Olympie, qu'on présente à chaque renouvellement des jeux, et dont l'un est percé d'un trou pour y passer une courroie. L'athlète, placé sur une petite élévation qui existe dans le stade, tient le palet avec sa main, l'agite circulairement et le lance de toutes ses forces : le palet vole dans les airs, tombe et roule dans la lice. On marque l'endroit où il s'arrête, et c'est à le dépasser que tendent les etforts successifs des autres athlètes. »
L'exercice du saut se pratiquait au son de la flûte, qui, en y ajoutant le rythme, le faisait participer de la danse. Le scoliaste d'Aristophane cite un sauteur qui s'éleva en l'air à une hauteur de 50 pieds. C'est peu croyable, malgré les contrepoids que les athlètes tenaient dans leurs mains et qui leur donnaient le moyen de franchir un grand espace. Le prix du pentathle, le plus estimé de tous puisqu'il renfermait dans son ensemble l'objet entier de la gymnastique, se décernait aux athlètes qui avaient triomphé au moins dans les trois premiers combats auxquels ils avaient pris part.
« Diagôras de Rhodes, dit-il dans ses Tusculanes, amena aux jeux Olympiques deux de ses enfants qui, ayant mérité la couronne, la posèrent sur la tête de leur père et portèrent ce vieillard en triomphe au milieu des spectateurs, qui lui jetaient des fleurs et lui, disaient : « Meurs Diagôras, car tu n'as rien à désirer » Aussitôt Diagôras expira. »
L'athlète vainqueur avait une position éclatante dans le monde hellénique : souvent l'État lui fournissait une honnête subsistance. La poésie, la sculpture célébraient ses hauts faits ; les chevaux vainqueurs avaient eux-mêmes de l'avoine dorée pour leur vieillesse et des pyramides après leur mort.
Grand dictionnaire universel du XIXe siècle
(1866-1877)
→ Jeux olympiques : article de l'Encyclopédie de Diderot & d'Alembert (XVIIIe)
→ Jeux olympiques de l'Antiquité
→ Jeux olympiques contemporains
→ Grèce : cartes & documents