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John Bost

    John Bost > discours du pasteur Joël Laforgue

photo John Bost





Cinquantenaire de la fondation des Asiles John Bost

9 juin 1898
Asiles John Bost
Jubilé cinquantenaire

Cinquante ans sont écoulés depuis le jour où John Bost, dans un acte de charité et de foi dont ni lui ni personne ne pouvait calculer les grandes et admirables conséquences, fonda La Famille !


C'était le premier pas, le premier effort ! Depuis lors quelle gerbe a crû, toujours plus épaisse et plus riche, autour du premier épi, de par la volonté de Dieu acceptée et accomplie par cet homme, véritablement ouvrier et prophète !


Toutes les Églises protestantes de France étaient représentées, le jeudi 9 juin, dans ce temple de Laforce, qu'Edmond de Pressensé déclarait œcuménique pour bénir Dieu l'inspirateur, et honorer John Bost l'exécuteur de ces miracles innombrables d'amour chrétien qu'aucun livre ne racontera jamais mais dont la liste mystérieuse est écrite dans le livre, le grand Livre des Cieux.


Et qu'a-t-on pu faire, pensent les absents, pour célébrer ce cinquantenaire ? Les cérémonies pompeuses, les décorations luxueuses, les bannières d'or et de soie, les processions solennelles, les costumes éclatants des officiants et des suisses, tout cela n'est pas de mise en nos temples austères ! Comment a-t-on bien pu, après tant d'autres fêtes si bonnes et si joyeuses, donner un lustre religieux plus grand à celle-ci ?


C'est vrai ! Comme il convient à des hommes, moins épris des formes que des idées, les collaborateurs et les successeurs de John Bost n'ont voulu dans cette fête rien de puéril. Ils n'ont pas, sous prétexte de le décorer, masqué de guirlandes ou d'inscriptions élogieuses le temple dont il fut l'architecte. Un seul art, l'art de John Bost, le seul dont on soit sûr qu'il embellit et charme les étendues du ciel, la musique est venue prêter aux âmes attentives et recueillies la douceur apaisante et triomphante de sa divine vertu. Que les adorateurs, toujours un peu païens de la forme, nous condamnent ou nous dédaignent, peu importe ! Il ne nous a rien manqué. Nos cœurs et nos esprits ont eu, dans le programme que ces lignes vont rappeler, tout ce qu'il leur fallait !


Dès dix heures le temple est plein ! Ceux qui croyaient être en avance, constatent avec surprise et regret qu'ils arrivent trop tard. On se presse, on s'entasse, on transporte des chaises, des tabourets, des bancs de jardin. Les auditeurs se glissent, s'introduisent partout et restent là debout bravant la fatigue, C'est à travers des rangs serrés dans la sacristie que l'orateur du jour, M. Charles Meyer, de Clairac, pénètre jusqu'à la chaire. Le murmure confus qui s'élevait de cette foule encore agitée de son tassement difficile, s'arrête et d'une voix forte et grave le prédicateur commence le service divin.


Un psaume, œuvre musicale d'Élisée Bost, frère de John, chanté par le chœur de l'Église nationale, sous la direction du fils de John Bost, Henri, étend sur l'assemblée son rythme original et puissant, son harmonie savante et pénétrante. Puis le pasteur ayant lu l'Évangile et prié, fait connaître le texte de son discours, emprunté au livre de Job, à la bouche d'un consolateur fâcheux, et dont voici les paroles : « Faudra-t-il que, pour toi, les pierres se déplacent ? »


Ceux qui l'ont entendu n'oublieront pas le discours original, juste et puissant de Charles Meyer. Il y a mis toute la sagacité, toute la force de sa pensée et de son style. Sa parole est une de celles qu'on résume en disant : Elle saisit l'auditeur, le retient et l'émeut. Oh! les amateurs d'éloquence gentille et fleurie n'ont pas dû être satisfaits : les oreilles plus désireuses d'être bercées que réveillées ont pu souffrir, car il ne recule pas devant le mot vrai. Mais, quelle préoccupation d'être fidèle, et droit, de reconnaître les mérites de l'homme et de rendre la louange à Dieu ! Il planait sur l'auditoire religieux et immobile ce silence profond, témoin de l'union intime des âmes qui reçoivent avec l'âme qui, de la part de Dieu, transmet et donne aux autres âmes. Le dernier mot était attendu, et il a jailli de tous nos cœurs : Gloire à Dieu !


Après le goûter à La Famille, (succès sans précédent !) la foule a, de nouveau, envahi le temple. L'estrade est occupée, et entourée, par les membres présents de la famille Bost, une trentaine au moins venus de France ou d'Écosse. Le doyen Jean Monod monte en chaire et commence la réunion par une lecture et une prière. L'affluence est si grande que tous les degrés de la chaire sont occupés, il n'y a pas moyen de descendre : le vénéré professeur doit y rester et c'est de cette place, où l'on parle d'ordinaire, que, tout le temps, il a dû écouter.


M. Coillard préside. Il nous lit un discours. En fait-il tous les ans comme celui-là, au Zambèze ? C'est à le croire, tant il y a dans ces paroles de force aisée et de véritable éloquence. Pourquoi veut-il nous quitter, repartir, et nous dit-il, comme saint Paul, que nous ne verrons plus son visage ? Quel bien ne ferait-il pas, s'il terminait sa vie en France et dans nos églises ! Mais voilà, l'Afrique le rappelle, les Zambéziens l'attendent : il faut qu'il les évangélise encore. Dieu le veut. Il peut partir : pour ceux qui le connaissent et qui l'aiment il sera loin, il ne sera pas absent.


M. Henri Couve prononce quelques paroles très modestes et très distinguées en même temps que très cordiales. Récemment élu président du conseil d'administration, il remplace dans ses fonctions lourdes et délicates le successeur immédiat de John Bost, M. Léo Domenget, qui eut été si heureux de voir cette journée. Dieu l'a rappelé à lui et lui fait contempler, au lieu des fêtes de la terre et de l'Église, les saintes et éternelles fêtes du ciel. Il laisse en nos cœurs un sentiment d'estime profonde et de respectueuse affection. De lui aussi vous pouvez dire qu'il n'est pas un absent. Il est avec le Seigneur, et le Seigneur est près.


Voici maintenant le rapport du directeur général. Il répond entièrement à ce que promettent l'intelligence, l'originalité, la virtuosité de son auteur. Il est tout à fait dans la note juste, dans le ton, il dit ce qu'il faut, rien de trop, mais il dit ce qu'il faut dire, avec un grand bonheur d'expression et un grain de sel à la bonne dose. Il parle bien quarante minutes : mais on l'écouterait plus longtemps.


De nombreux pasteurs ou laïques, appartenant à la famille Bost, fils, gendre, frères, neveux, assistaient à la cérémonie, sans parler de celles qu'en son langage biblique et fantaisiste, John Bost appelait : La gloire de l'homme ! Deux d'entre eux, le pasteur Élisée Bost, dont on a à diverses reprises admiré le talent compositeur, et M. Timothée Bost, de Glasgow, ont pris la parole. Ils nous ont vivement intéressés passant tour à tour, du grave au doux, du plaisant au sévère. Quel charme dans ces souvenirs ! Quel esprit dans ces reparties ! Que de sagesse dans leurs conseils ! Que d'ingéniosité dans l'affection ! Quelle humilité personnelle dans leur familiale et légitime fierté ! Merci au nom de tous pour ce qu'ils nous ont dit.


Les deux heures de cette séance se sont envolées, enfuies à toute vitesse : mais elles ne s'enfuiront pas de notre souvenir.


Un registre, dans lequel les amis des Asiles étaient priés d'inscrire leur signature, restera comme un témoignage visible de sympathie, en cette journée de cinquantième anniversaire. Un album de photogravures, représentant les divers Asiles, le temple et le presbytère, et dont les clichés sont dus à un amateur plus fort que bien des professionnels, M. Paul Germain, membre du conseil d'administration, était vendu à la Famille. Peu de gens sont partis sans en emporter un.


Le rapport annuel, bientôt publié, contiendra les discours et des photogravures. Il sera, au milieu des autres, un exemplaire spécial, que tous nos bienfaiteurs voudront posséder.


Et maintenant que Dieu soit béni par cette journée sans pareille vraiment faite pour nous et dans laquelle le soleil lui-même s'est montré discret et amical, saluant seulement le départ de ses rayons joyeux ! Que Dieu soit béni pour sa présence bienfaisante et sanctifiante ! Que Dieu soit béni pour les chants pieux et joyeux des voix fraîches et pures ! Que Dieu soit béni pour les choses grandes, belles et saintes que nous avons entendues et contemplées ! Gloire à Dieu !


Que ce mot retentisse encore, plus fort et plus haut, quand nous aurons presque tous disparu, lorsqu'au centenaire si lointain, encore, des enfants qui étaient là hier, devenus des hommes à leur tour, parleront des miracles de l'Amour chrétien et, comme nous s'oubliant eux-mêmes et s'effaçant dans l'humilité s'écrieront :

À Dieu soit la gloire !

Joël Laforgue
secrétaire du conseil d'administration des Asiles John Bost
Les Asiles John Bost, Rapport annuel
(1898)

Jubilé cinquantenaire des Asiles John Bost (1848-1898)

Jubilé de la fondation des Asiles John Bost par le pasteur Ernest Rayroux, directeur des Asiles

Discours du missionnaire François Coillard

Souvenirs par son frère Élisée Bost

Discours de Timothée Bost & Réponse aux frères Bost par Henri Couve



John Bost : index des documents

portraits de John Bost : photographies & gravures



Notice historique de la fondation des Asiles de Laforce par John Bost (1878)

L'Église chrétienne considérée comme Asile de la souffrance : thèse de John Bost présentée à la faculté de théologie de Montauban (1880)

Asiles de Laforce en 1878 : liste des bâtiments & résidents

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